EXPOSITION
NOIR PARIS
Ibrahim Jalal
Peintre
A l’origine, nous sommes dans les années cinquante, dans la campagne syrienne, au nord de Damas, près d’Idleb et d’Alep. Qui peut savoir ? Dans les années soixante-dix, il entre aux Beaux Arts de Damas, il reçoit un enseignement figuratif avec des professeurs syriens et européens, autour des maîtres contemporains de l’époque tels Matisse, Picasso, Chagall. Il dessine et peint de très nombreux corps de femmes. Les événements politiques vont faire de lui un étudiant parmi d’autres qui manifestent et s’opposent à l’autorité en place et dont ils subiront la violence. Il décide alors de quitter la Syrie après l’obtention d’une très bonne mention. Ce sont les premiers tableaux qu’il vend à des ambassades en Syrie qui lui permettront de prendre l’avion pour Paris avec uniquement des toiles de petit format pour pouvoir montrer son travail. Paris est pour beaucoup l’une des plus grandes capitales artistiques, un Graal. Il est accueilli par l’Alliance Française, il vivra à Montmartre. Il va intégrer les Beaux Arts de Paris en section A, ce qui lui permet d’avoir le choix de ses ateliers. Il côtoie Roger Bissière, Jean Bazaine et Alfred Manessier le chef de file de la nouvelle école de Paris. Et c’est donc, un homme, un peintre qui va changer de langue et d’expression picturale. Au-delà de ces enseignements et de ces influences, il va découvrir Paris, un espace très lointain, très différent de la Syrie. La découverte du métro sera une expérience oppressante qu’il dessinera dans ses carnets de croquis. Le quartier Charonne où il passera dans une rue dévolue à la prostitution sera un choc. Il reçoit de plein fouet la pression de la vie occidentale, la misère sociale et sexuelle. Avec tout ce qui l’accompagne, dont l’isolement humain qui pousse certains au suicide. Il a encore en mémoire cette information à la radio d’une femme suicidée en se défenestrant. D’ailleurs qui en parlerait aujourd’hui ? Il est diplômé des Beaux Arts de Paris, s’inscrit en histoire de l’art et découvre l’expressionisme qui lui fera une forte impression, et qui va influencer l’œuvre de ce peintre d’une vingtaine d’année qui découvre Montmartre. C’est ce travail qu’Ibrahim Jalal nous dévoile avec pudeur. Hugues Bourgeois






